Qu'est ce qui
pousse Benoît XVI à publier le motu proprio
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Rome, le 27 Juin 2007 - (E.S.M.) -
Beaucoup imaginent que l'intérêt que porte le
Saint-Père Benoît XVI à la "vieille messe" est
comparable à l'intérêt qu'il porte à la musique
classique. |
L'Eucharistie est
la seule chose qui importe -
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C'est
ici
Le Motu Proprio arrive !
Mercredi après-midi le Secrétaire d'Etat,
le cardinal Tarcisio Bertone a remis le Motu Proprio à
30 évêques du monde entier réunis au Palais Apostolique
du Vatican. Les évêques ont été explicitement choisis et
invités pour cela. Le Pape Benoît XVI les a rejoints
plus tard à la réunion. Le document est constitué de
trois pages, accompagné d'une lettre du pape de quatre
pages.
La publication générale des deux documents
est prévue pour le 7 juillet.
Source ►
The
Motu Proprio is coming !
Qu'est ce qui pousse Benoît XVI à
publier le motu proprio ?
L'IMPORTANCE DU FUTUR MOTU
PROPRIO d'après le Dr. Robert
MOYNIHAN
On a annoncé la
publication prochaine - probablement dans les premiers
jours de juillet - du motu proprio devant autoriser la
célébration de la messe selon la forme "tridentine" du
rite romain. Que sait-on déjà au sujet de ce document à
paraître ? Plusieurs choses.
1. Que la
publication d'un tel motu proprio répond à un souhait
vieux de plusieurs années du Cardinal Ratzinger; 2.
Que plusieurs évêques se sont adressés au pape pour lui
demander de ne pas publier un tel document qui serait,
selon eux, source de divisions dans l'Église; 3. Que
le pape a pris acte de ce que lui disaient les évêques
et qu'il a, pour rédiger le document, pris son temps et
consulté de nombreuses personnes; 4. Que le motu
proprio sera accompagné d'un document explicatif à
l'adresse des évêques.
Pourquoi la publication de
ce motu proprio suscite-t-elle tant d'attention et de
débats ? Voilà une question importante. L'essentiel,
pour un fidèle catholique, n'est-il pas de mener une vie
en conformité avec l'Évangile, la liturgie de l'Église
pouvant être considérée comme une question secondaire ?
Le Motu proprio ne risque-t-il pas de créer plus de
problèmes qu'il ne réussira à en résoudre
?
Beaucoup imaginent que l'intérêt que porte le
Saint-Père à la "vieille messe" est comparable à
l'intérêt qu'il porte à la musique classique. Pour les
personnes qui voient les choses de cette façon, le motu
proprio serait alors réductible à une simple question
pratique: au XXIème siècle, il n'est plus possible de
célébrer la vieille liturgie en latin; il est donc
parfaitement inutile de l'autoriser.
Cependant,
un tel raisonnement montre que l'on ne comprend pas bien
les motivations réelles qui poussent Benoît XVI à
publier le motu proprio. Car la question ne porte ni sur
le rétablissement du latin, ni sur un attachement
d'ordre culturel ou nostalgique aux anciens rites. Pas
du tout! Le souci de Benoît XVI,
sa préoccupation première, touche à l'essence de la
liturgie. Et quelle est l'essence de la
liturgie ? C'est la vraie foi en Dieu.
Certes, il
y a aussi à dire, sur le plan pratique, au sujet d'une
liturgie qui pourrait être un langage commun dans toute
l'Église. Et sur ce plan-là, l'usage du latin, en tant
que langue liturgique
universelle, a tout son intérêt. Le latin, langue
de l'Empire au sein duquel Jésus a vécu, a été employé
en liturgie pendant près de 20 siècles, et les
traductions des prières que donnent les missels en font
une langue désormais accessible à tous. Mais ce n'est
pas là le point capital. Le latin n'est pas l'essentiel
de la liturgie et la messe, du reste n'emploie pas que
le "latin": elle se sert aussi du grec et de l'hébreu...
Kyrie eleison, Agios o Theos, Alleluia, Amen...
Ceux qui ne parlent que du "retour du latin" en pensant
que c'est là le coeur du débat, ne perçoivent donc pas
vraiment le problème.
Ce
qui est ici en jeu n'est pas une question
minime. Si ça l'était, on ne voit pas
pourquoi le Cardinal Ratzinger aurait perdu son temps à
étudier la question liturgique au point de conclure
qu'il était nécessaire d'envisager une "réforme de la
réforme"! Il faut plutôt voir que la question est
importante; c'est même l'une des plus importantes de
toutes actuellement.
La messe est célébrée pour
une raison toute simple que nous avons souvent tendance
à oublier. Cette raison toute simple, c'est
l'Eucharistie. L'Eucharistie est
la seule chose qui importe, car c'est par elle que le
Christ est présent au milieu de nous. Et c'est cette
présence du Christ dans le monde qui est la seule raison
d'être de l'Église.
Donc, en
s'attaquant à la question liturgique, le pape ne
s'attaque pas à un problème secondaire: la liturgie
n'est pas une sorte de dérivatif qui permettrait au pape
de laisser de côté des problèmes autrement plus
importants. Elle est, au contraire, un point essentiel;
elle est le point essentiel car c'est par elle que se
fait la divinisation de l'homme.
Revenons donc à
la question essentielle. Quelle est-elle ? Il semble que
Benoît XVI soit convaincu - comme le sont aussi de
nombreux fidèles - que la liturgie restaurée à la suite
de Vatican II n'a été ni bien comprise, ni vraiment
appliquée. Son but était de susciter un respect plus
grand de l'Eucharistie, une meilleure participation des
fidèles à la célébration des mystères en vue d'une
enracinement plus profond dans la vie de foi de
l'Église. Or, ce but n'a pas été atteint.
Aussi,
si l'ancienne liturgie se montrait apte à susciter chez
les fidèles un plus grand sens de la tradition, du
respect, de la contemplation on ne voit pas
pourquoi les qualités de cette forme rituelle devraient
rester inexploitées. C'est dans cette perspective qu'il
convient de situer le futur motu proprio. Dans la mesure
l' "ancienne messe" ne restera qu'une question de
"culture" ou que la propriété de petits groupes
marginaux de fidèles, elle n'apportera rien à l'Église
et le motu proprio restera lettre morte. Mais si l'
"ancienne liturgie" peut servir de moyen pour
redynamiser la vie l'Église en suscitant chez les
fidèles un plus grand désir de
rencontrer le Seigneur, alors le motu proprio
devra être considéré comme un acte dont il faudra
mesurer toute l'importance sur le plan
pastoral.
LA GRANDE
PATIENCE DU PAPE
Au lendemain de
Vatican II, le clergé français - évêques en tête - a
bien fait comprendre que le latin, le grégorien, la
dignité, la soutane, le maître-autel, les tables de
communion, les confessionnaux, l'encens, les cierges,
les servants de messe... tout ça, c'était fini. C'était
du passé. Dans les séminaires diocésains, en vue de
préparer l'Église de demain, celle dont on rêvait, on
n'a plus appris ni le latin, ni la liturgie, ni le chant
grégorien à ceux qui se destinaient au sacerdoce.
C'était devenu inutile d'apprendre ces
choses-là, puisque ces "vieilleries" appartenaient
désormais à un passé qui, disait-on, ne reviendrait
jamais plus... A la place, on a mis des "messes
anticipées du samedi soir", des "absolutions
collectives", des "célébrations à thèmes", des
"messes-rock". La demande des fidèles était importante,
disait-on, ce qui était assurément un signe de renouveau
dans l'Église.
Et puis, ce dont on croyait
s'être débarrassé est revenu. Dans des petites
communautés plus ou moins marginalisées d'abord, puis
dans des groupes plus affirmés ensuite. Le Cardinal
Ratzinger avait bien vu venir les choses. Qu'on relise
ses livres: on y trouve expliquées les raisons de la
crise liturgique et du désarroi des fidèles et l'on y
trouve des solutions pour surmonter la crise. Mais le
clergé français, engoncé dans ses certitudes pastorales,
n'a ni lu ni écouté Ratzinger. Ou s'il l'a lu et écouté,
c'était pour le critiquer: en France, on sait les choses
bien mieux qu'à Rome!
Alors la crise s'est
accentuée: il y a eu S. Nicolas-du-Chardonnet, le
Barroux, le schisme lefebvriste, l'émergence de
communautés diverses s'attachant à restaurer une forme
du rite romain permettant de retrouver la dignité qu'on
avait chassée des liturgies paroissiales, les nouveaux
mouvements attachés à la contemplation... Affolement du
clergé français qui n'avait pas prévu un tel revirement
de la situation. La liturgie d'avant Vatican II, que les
clercs s'étaient employés à chasser des églises par la
grande porte, était en train de revenir par les fenêtres
de sacristies.
Et puis le Cardinal Ratzinger, qui
avait beaucoup parlé et publié sur la liturgie, mais
qu'on n'avait guère écouté, devient pape. De quoi
ébranler quelque peu certaines mitres françaises déjà
peu disposées à suivre les raisonnements de celui
qu'elles traitaient en catimini de
Panzerkardinal.
Benoît XVI, fidèle à lui-même,
envisage donc d'aborder la question liturgique de façon
plus approfondie: car pour lui, la liturgie et la foi
sont étroitement liés ensemble. Il commence par
expliquer que s'il y a des problèmes, c'est parce que le
concile Vatican II a souvent été mal compris. Puis il
signe l'Exhortation "Sacramentum Caritatis" et promet un
Motu proprio dont le but sera la résorption - dans la
mesure du possible - de la crise engendrée, en partie,
par la question liturgique.
Aussitôt une bonne
partie du clergé français monte aux créneaux: ceux qui,
depuis 40 ans, sont devenus les champions de toutes les
liturgies fantaisistes, refusent catégoriquement le
retour à la liturgie d'avant Vatican II, au nom de leur
fidélité au Concile qu'ils sont les premiers à n'avoir
jamais suivi. Ce que tout le monde sait et peut
constater.
Curieusement, dans les rangs de
l'épiscopat français, on n'entend
pas grand-chose au sujet de l'Exhortation Sacramentum
Caritatis. Ce qui dérange bien davantage les
pasteurs diocésains et leurs états-majors, c'est
l'annonce du Motu proprio. Impensable! Intolérable! Hors
de question laisse-t-on entendre dans les rangs de
la bien-pensance cléricale.
Et il se trouve
soudains des prêtres français pour expliquer au pape
qu'il n'a jamais rien compris aux questions liturgiques,
et qu'en France, il n'y a plus de gros problèmes sur
cette question. Plus de problèmes ? Il y a cependant
Reims, Niaffles, Bordeaux, Nanterre... et bien d'autres
endroits dont on ne parle pas pour ne pas donner l'image
d'une Église en ébullition. Et puis il y a les églises
vides, qu'on démoli parce qu'elles ne sont plus
utilisées. Mais de ça, il ne faut pas
parler.
Dans un tel contexte, quelle peut alors
être la "stratégie" de Benoît XVI ? Ne rien publier en
hâte et simplement attendre: attendre patiemment que les
évêques français, totalement dépassés par les événements
liturgiques, incapables de régler les problèmes dans
leurs diocèses, viennent frapper aux portes du Vatican
pour demander au pape de les aider à sortir de la
situation dans laquelle ils se sont mis, bien sûr
!
Rubrique-
Liturgie - Eucharistie Rubrique-
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commentaires sur l'Exhortation ► Sacramentum Caritatis
Sources: PRO
LITURGIA - E.S.M.
Ce document est destiné à
l'information; il ne constitue pas un document
officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.06.2007 -
BENOÎT XVI - Liturgie |